“My sweet dreams.” & Dans les rêves, plus rien n'apparait éternel.
Pas dans les siens en tous les cas.
Il rêvera, encore, encore et toujours, de cette terre maudite, sur laquelle il erré pendant si longtemps. La Syrie, où il a travaillé pendant un nombre d'années qu'il a oublié (il n'y avait plus ni de jours, ni de mois, simplement des plaies à recoudre, des gens à sauver, et des voyages, en jeep, d'un hôpital de fortune à un autre).
Il se souvient aussi clairement du vent dans ses cheveux, de son bras accoudé à la vitre baissé, et du sable, qui rentrait parfois dans ses vêtements, qu'il retrouvait jusque dans ses chaussures. Il en est certain, il en a même dans le coeur, et c'est pour ça qu'il rouille, jour après jour, et qu'il ne parvient plus à aimer qui que ce soit.
Son rêve de cette nuit, il est lent, il est triste, et il le transporte.
C'est toujours comme ça ...
C'est toujours comme ça quand il fait une crise.
Le rêve paraît plus réel que jamais, il paraît plus clair, plus tangible, et il sent l'air sur sa peau, comme si c'était une évidence, une réalité (sans doute parce que ça l'est).
Il n'imagine pas que sa crise de somnambulisme l'emmène si loin, qu'il marche, étrangement, au coeur de la nuit, jusqu'à cette forêt. Il garde les yeux ouverts, et il ne voit rien, simplement les formes que met en scène son cauchemar étrange, presque violent. Il voudrait se réveiller, il n'y arrivera jamais, pas tant qu'on (qui ça on ? qu'est-ce qu'il en sait) n'en aura pas décidé autrement.
Si bien qu'il le sait, il atterrit dans la forêt, au lever du jour (il est très tôt, peut-être 5, ou 6 heures du matin), et les lumières percent les arbres. Pourtant lui reste endormi, prisonnier, et le cauchemar devient clair.
Faudrait le réveiller.
Mais on réveille pas un somnambule.

“My sweet dreams.” & Dans ses rêves, aucun décor de Grèce, simplement du sable et du sang, à perte de vue. Parfois, des patients venus de sa vie actuelle surgissent, ou des amis, parfois de la famille, souvent, trop souvent Lucio aussi. Mais jamais il ne l'avouera.
Il n'y a rien à avouer quand il dort. Ca a toujours été pareil, ses crises l'ont souvent emmené bien loin.
Il est question d'un homme qu'il aurait du sauver. Ca ne donne rien. Il a la sensation qu'il recoud ses plais depuis une éternité, une éternité qui n'en finit, en réalité, pas vraiment. Il ne sait plus qu'il dort, plus dans ce genre de moment, et jusqu'au réveil, il est persuadé de la véracité de la situation. De son coeur qui bat à toute allure dans sa poitrine, de sa poitrine qui pourrait presque imploser, et de ses poumons qui pourraient exploser tant ils sont empêtrés dans le sable. Le désert, c'est plus une désert d'humanité. Il a la sensation qu'il va en crever. Il a le souffle court.

Petit à petit; le souffle se répercute sur celui qu'il a, dans la réalité. Son corps s'appuie sur l'arbre derrière lui, il faut qu'il s'agrippe. Son regard, vide, et s'il se voyait, il le comprendrait, ne s'accroche à rien. Il est là, dans cette forêt, et y'a un type qui lui parle devant lui, mais il entend pas, il reste dans son monde.

Le type meurt sous ses yeux, et il disparait dans le sable. La tempête, elle devient de plus en plus fort. Quelqu'un qu'il a aimé (le visage est indistinct, il ne pourrait lui donner ni de nom, ni de sexe), apparaît devant lui, reste bien droit. Il l'attrape par les épaules. Il a le souffle court, et le coeur qui bat à la chamade. Il serre ses épaules de toutes ses forces. " Il... Faut... Partir..."

il est bizarre ce gars. il tangue un peu, les yeux mi-clos. bien sûr qu’il a l’allure du gars qui dort debout et vagabonde dans un ailleurs que seul lui est capable de voir. mais étrangement, il a aussi l’air trop vivace pour un type qui sommeille.
peut-être que c’est normal chez les somnambules après tout. angello saurait pas vraiment dire de toute façon, c’est le tout premier cas de la sorte dont il est témoin dans sa vie.
du coup plus que paniqué, il sait que certaines personnes pourraient avoir ce genre de réaction en tombant sur un gars marmonnant et marchant endormi dans la forêt sous les premières lueurs de l’aube, il est d’avantage intrigué.
il se demande ce qu’il voit. si le monde est coloré derrière ses paupières. et il s’interroge surtout sur ce qu’il se passe dans sa tête au vu de ses gestes un peu dissolus.
il a l’air plus perdu que lui, ce qui honnêtement relève un peu de l’exploit.
et puis il a sa respiration incohérente qui se saccade toujours un peu plus.
comment aider la belle au bois dormant sans risquer de la tuer en provoquant une trop brutale sortie du sommeil ? ne dit-on pas qu’il est possible que le cœur des funambules des rêves s’arrête en une fraction de seconde si on les extirpe trop brutalement de leurs rêveries ?
il ne sait pas trop. c’est vague dans sa petite tête. que des trucs qu’il a entendu sortir de la bouche d’autres gens. il ne s’est jamais spécifiquement penché sur le sujet.
sauf que d’un coup il est lui-même brusqué, sorti de sa réflexion par la force des mains de l’homme à présent posées sur ses épaules à lui.
il l’a pris par surprise alors angello n’a pas pu s’empêcher de sursauter.
plus les minutes passent et plus ce fantôme livide face à lui semble sur le point d’imploser.
« partir ? mais euh…partir pour aller où ? qu’est-ce qu’il se passe ? »
il a beau savoir qu’il s’agit là des mots incertains de quelqu’un qui divague et ne réalise pas vraiment ce qui se passe autour de lui, il n’arrive pas à s’empêcher de penser que peut-être que s’il arrive à lui faire dire ce qui ne va pas, s’il arrive à l’apaiser…alors peut-être que les choses pourront rentrer dans l’ordre.
si ordre il y a dans ce monde déglingué.