Tu ne sais pas pourquoi. Mais, avant même que tu ne te réveilles, tu avais su. Oui, que cette journée allait être horrible. Parce que, ils étaient venus hanter ta nuit, t’avais fait pleurer. Crier. Alors, ton visage fatigué n’avait pas aimé le réveil. Mais, tu t’étais appliqué. Avais fait comme à ton habitude. Aller travailler, sourire, écouter. Et pourtant. Rien n’était allé. Non. Tout était allé mal. Et, tu ne savais même plus comment les compter, les merdes d’aujourd’hui. Non. Tu ne voulais même pas. Alors que tu marchais là, au hasard dans les rues. Hésitant entre aller boire un verre, deux, trois, quatre ou même cinq. Ou juste rentrer chez toi. Seul. Désespérément seul dans ton appartement encore trop blanc. Encore trop vide. Comme tu n’avais pas envie.
Alors, avant même d’y penser, tu t’étais retrouvé assis là. Seul, dans un bar un peu miteux. Une bière, deux, trois. T’avais commencé à trop boire après ça ? Avant ? Tu ne sais même plus. Après, ça t’avait permis d’oublier. Un peu. Trop. Alors que pourtant, tu savais. Que tout reviendrait plus fort. Que ce serait comme une gifle dans ta gueule. Que ça te détruisait aussi. Un peu. Mais, une bière, trois, quatre. Pour finalement arrêter. Sortir et osciller ici et là. Sans savoir où aller. Les démons criant dans ta tête. Ton corps voulant juste s’effacer, pleurer.
Et, tu ne sais même pas, non comment t’as fini par atterrir ici. À toquer à la porte. Le regard dans le vide. Juste, attendre. Espérer qu’elle soit là. Pas là. Parce que tu savais pas. Pourquoi tu t’étais retrouvé devant cette porte. Ton corps t’y avait juste porté. Jade. Elle est là, devant toi. Et, t’as comme envie d’exploser en sanglots alors que ton regard essaye de rester fixe sur elle. « Jade…sa..salut ! » Depuis combien de temps, tu ne l’as pas vraiment vu ? Depuis combien de temps, tu as coupé le pont Raph. Tu ne saurais même plus compter. Parce que y a juste eu la douleur, y a juste la douleur. Que tu sais si bien cacher. Comme tu sais si bien faire semblant. Et pourtant, là, devant elle. Alors qu’elle est en petite tenue. Alors que tu te rends compte que c’est ta sœur. Ta putain de moitié. Tes lèvres tremblent. Ton corps aussi. « J’crois, j’ai trop bu. » Et t’as l’air con. Tu te sens con. Tu lui tends ta main. Parce que tu veux désespérément qu’elle l’attrape. Comme tu veux te blottir tout contre elle. Avoir ton cœur qui bat en même temps que le sien. Comme avant. Quand vous étiez plus jeune. Juste des enfants encore innocents de tout.