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 mingled with all kinds of colors ✄ bichon

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Anonymous

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MessageSujet: mingled with all kinds of colors ✄ bichon   mingled with all kinds of colors ✄ bichon EmptyMar 9 Mai - 23:51

    Les doigts qui glissent sur le bois vernis du comptoir. Phalanges qui effleurent la machine à café, cherchent lentement le mécanisme habituel. Il n’ose pas interrompre le contact, laisse échapper un soupir de soulagement au vrombissement qui précède l’odeur familière de son rituel matinal. La montre à son poignet a sonné neuf heures depuis huit minutes. Peut-être neuf. Le poing qui se serre pour essayer de contrôler la panique. Une minute de différence, à peine soixante secondes, une minuscule éternité. La brûlure du bracelet de cuir contre sa peau, la réponse à sa question, si près, en chiffres digitalisés. Et un océan d’obscurité qui le sépare de sa réponse. L’instinct porte sa main dans les poches d’un jean qu’il a oublié d’enfiler. Respiration lente et contrôlée. L’obsession tournoyante de cette minute oubliée. Huit. Ou peut-être neuf. Il entend les ronflements d’Orion quelque part dans l’appartement. Ou peut-être est-ce simplement sa respiration, et lui qui l’entend trop fort, à s’en rompre les tympans. Respire Malo. Sa propre voix qui le heurte, trop lourde, trop haute. Tout est trop, et il se sent perdu, balancé par les sons et les odeurs et les marées. Huit, ou peut-être neuf. Alors il tâte fébrilement en quête de la tasse du breuvage noir comme sa nuit qu’il s’est servi, et prend une gorgée brûlante. Le café, c’est quelque chose qu’il comprend Malo. Les odeurs et le toucher, la texture douce sur la langue. Et le fouet qui claque dans son obscurité, le réveil enfin, la panique qui s’apaise dans ce cocon familier. Il tâtonne encore un peu. À droite de la machine. Deux, trois, quatre phalanges. Rien. Frustration. Il sait que c’est là qu’il laisse son paquet de cigarettes, mais il connaît aussi l’habitude de son colocataire de les déplacer pour le taquiner. Faux frère. La langue qui claque dans un tic qu’il ne peut réprimer. Ses pieds qui se détournent, la tasse fermement sécurisée contre sa hanche, sensation de brûlure sur sa peau nue. Penser à s’habiller. Il ne peut pas trainer en sous-vêtement toute la journée. Même si la pudeur de son corps l’a quitté. Il ne peut pas avoir honte de ce qu’il ne connaît plus. C’est comme une gifle, et il doit s’arrêter, se concentrer pour respirer. Il ne connaît plus son propre corps. Est-ce qu’il a pris du poids ? Est-ce que sa peau s’est dorée depuis son arrivée sur l’île de beauté ? Est-ce que ses mèches se sont éclaircies, ses tâches de rousseur ont-elle éclôt comme les fleurs de printemps sur ses fossettes ? Il regrette la vanité. Juste un peu. Les larmes ont séchées depuis longtemps, et l’océan de nuit ne déborde plus sur ses joues. Quelques pas qui le ramène à son lit. D’une main il fouille dans les draps, sent le cordon et le téléphone au bout. Ses lèvres qui s’ourlent sur un sourire. Le trajet de la cuisine à la chambre, sans renverser le café, sans se heurter aux meubles. Sa gorge émet un son étrange, et il plaque un main à sa bouche pour le retenir. Alors il se remet à rire. Assis sur son lit, avec sa tasse de café et cette minute qu’il ne parvient pas à retrouver. Enfin, ses doigts pressent l’un des boutons du téléphone un peu trop lourd qui rythme sa vie. Voix électronique qui retentit, et il est presque sur d’avoir entendu la respiration d’Orion chuter. Neuf heures, seize minutes. Il a retrouvé ses minutes. Lentement, il se redresse et retrace le chemin de sa chambre à la cuisine, rassuré. Il voudrait vraiment trouver son paquet, s’enivrer de nicotine, savourer son premier café de la journée. Il aimerait que le soleil lui caresse la peau. Alors il décide de ne pas s’habiller, finalement, de rester dans son caleçon, les doigts qui trainent sur tout les meubles. Sensation de carton. Soupir entre les lèvres. Sur le comptoir, juste un peu plus loin. Il pensera à moins souvent accuser le prêtre de vouloir le tourmenter. Il est peut-être simplement encore un peu tête en l’air. Entre les lèvres le filtre, le briquet caché dans le paquet. Déclic et flammèche. Un peu surpris par la sensation de chaleur, plus proche de son visage qu’il ne pensait. Il doit sourire comme un idiot, avec sa clope et sa tasse qui refroidit. Le mélange des deux saveurs sonne comme un cantique sécurisant. Et le bruit. Comme un sabre dans son obscurité. Et de nouveau, il est perdu. Sa voix qui manque d’assurance. Il se déteste d’être un animal blessé à la moindre nouveauté. Orion ? Il déteste la terreur qui pointe dans sa gorge. Au deuxième coup de sabre, il comprend, et il a envie de rire et pleurer devant sa stupidité. La sonnette de l’appartement. Evidemment. Il n’est pas sur d’avoir entendu son colocataire, et le défi murmure à son oreille. La cigarette coincée entre les lèvres, il se dirige vers la porte d’entrée, la main qui traine le long des murs pour être sur. Il espère juste que la clé est sur la porte. Il appelle quand même une nouvelle fois, parce que qui que soit le matinal venu perturber sa tranquillité, il n’est surement pas venu voir un aveugle oisif en sous-vêtement s’émerveiller devant sa capacité à faire couler un café. Orion, viens voir. Les doigts qui trouvent la poignée, et la clé. Il remercie tout les dieux et les étoiles qui veillent sur ses boucles en bataille. L’inconnu qui s’engouffre dans l’appartement amène avec lui les odeurs de la rue. La pluie et le tabac, l’essence et le soleil, et quelque chose qu’il n’arrive pas vraiment à placer. Son aftershave peut-être. Il se sent minuscule à nouveau. Soudain toute son assurance durement gagnée l’abandonne. Je… Malo. Bonjour. Je vais chercher Orion. Les pieds nus qui effleurent le parquet, la cendre qui tombe de la cigarette toujours coincée entre ses lèvres. Étrange comme la sensation de nicotine adoucit ses nerfs. Peut-être qu’il va heurter quelque chose cette fois. Il aimerait croire qu’il est à plus de quelques secondes de l’inconnu. Ne pas sentir le poids des prunelles sur sa nuque. La voix rauque qui lui répond électrise chaque atome de son corps. Laisse, c’est pas pressé. Il a envie de hurler. Parce qu’il peut plus Malo, il peut plus juste discuter du temps qu’il fait et des banalités, il a plus la force d’être digne quand chaque pensée lui tempête l’image qu’il renvoie, fragile et brisé et tellement facile à juger. Des mains qui ne lui appartiennent pas recouvrent les siennes, lui arrachent délicatement la tasse de café. Un son un peu sourd, de la porcelaine contre le bois. Malo, c’est ça ? Il a la gorge sèche et prendre une nouvelle inspiration de tabac manque de l’étouffer. Neuf heures vingt deux minutes. Il a réussi à compter. Ça lui donne envie de se marrer.
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